The Hurt Locker (Démineurs)

 

Un film de / A movie by Kathryn Bigelow

 

Avec / With Jeremy Renner, Anthony Mackie, Brian Geraghty, Guy Pearse, David Morse, Ralph Fiennes…

 

Voici la surprise de l’année, le film qui a volé la vedette à Avatar aux derniers Oscars !

 

Outsider avant de devenir favori, ce film de Kathryn Bigelow étant pourtant passé complètement inaperçu de ce côté-ci  de l’Atlantique.

 

Comme beaucoup, je ne l’avais pas vu en salle à sa sortie en septembre 2009, pas forcément emballé par le propos du film, et par la réalisatrice derrière la caméra non plus, qui nous a livré Point Break, Strange Days ou encore K19.

 

Pourtant, c’est bien ce film qui a doublé Avatar pour l’Oscar du meilleur réalisateur et du meilleur film.

 

Pourquoi ?

 

Un fossé sépare les deux films en terme de budget, de technologie, de récit. Et pourtant, c’est le plus petit, celui de Bigelow, qui l’a emporté contre toute attente.

 

Démineurs, comme son nom l’indique clairement, parle donc d’une équipe de démineurs américains, sur le terrain irakien, véritable poudrière où chaque jour des bombes explosent et tuent.

 

Si Démineurs est réussi, c’est grâce à la relative simplicité de son récit : une équipe de démineurs est suivie dans son quotidien à Bagdad, et après une explosion tuant le chef de l’équipe, un autre chef est assigné à l’équipe, dopé à l’adrénaline mais aussi extrêmement expérimenté.

 

Derrière cette trame, Bigelow raconte bien plus et la raison de son succès est évidemment d’avoir choisi comme terrain l’Irak.

Sans concession dans son approche, elle évite de tomber dans les clichés du film sur l’armée. Si le début du film tend vers un récit classique, très rapidement nous sommes plongés dans le quotidien de cette petite équipe de démineurs, une « famille » aux liens fragiles, qui peut disparaître à tout moment.

 

Nous partageons le quotidien et le stress de ce petit groupe d’hommes, qui risquent leur vie à chaque instant, chaque intervention pouvant être la dernière. Ce métier incroyable est montré tel qu’il est, un jeu avec la vie et la mort en permanence, où tout est mis en balance en quelques secondes, quelques minutes.

Au-delà de l’intervention sur le terrain, le désamorçage des bombes, Bigelow nous montre la solitude de ces hommes, leur perdition face à un ennemi souvent invisible, dans un conflit aux motivations bien confuses pour tous. Leur solitude éclabousse l’écran et prend de l’ampleur au fil du film.

 

La tension croît de plus en plus, sous la direction kamikaze du responsable, interprété par Jeremy Renner, qui ne semble pas connaître de limite. Trois personnages à la personnalité très différente, entre le casse-cou, le raisonnable et le jeune perdu dans un conflit qui l’effraye.

 

 En choisissant un trio ‘d’inconnus’, Bigelow s’est assuré une empathie important du public pour ces héros du quotidien. Les seconds rôles sont eux plus connus, mais bien plus furtifs, apportant tous un regard externe sur le trio de démineurs.

 

La réalisatrice nous montre la patience, l’attente, la chance aussi et les tragédies, dans un final magistral où les personnages de Mackie & Renner essayent de trouver un sens à ce qu’ils font, à regarder leur métier, leur action.

 

 Réalisé avec peu de moyens mais servi par un trio de comédiens au diapason et quelques effets visuels épatants, c’est une plongée dans l’enfer irakien, un film tourné comme un documentaire, sur un corps de l’armée peu connu, peu considéré et pourtant qui sauve des vies chaque jour.

Sans être le film de l’année, Démineurs peut se targuer d’être une œuvre originale et unique en son genre, un film efficace et captivant du début à la fin.

 

A voir.

 

Arnaud Meunier

11/03/2010